dimanche 27 mai 2012
Roland Garros : Paire, sacré numéro
Benoît Paire manie l'art du paradoxe avec une nonchalance confondante. Quand tous les joueurs français admettent du bout des lèvres que le gigantisme de Roland Garros les effraie autant que le fait de jouer at home, l'Avignonnais de 23 ans claque une réponse à contrepied. "Je suis quand même assez stressé avant mes matches mais le fait d'être à Paris me relaxe, pose-t-il d'entrée. Je sais que le public va être avec moi et généralement ça me transcende. Et puis on joue en trois sets gagnants donc même si je perds le premier, j'ai le temps de me détendre un peu."
Ainsi est Benoît Paire. Imprévisible, soudain et attachant. Si souriant et aimable quand il déambule dans les allées de Roland, t-shirt rose sur les épaules, barbe de trois jours, toujours prêt à s'arrêter le temps d'une photo, il a longtemps été un cabochard de première sur un court de tennis. Jets de raquettes incessants, plaintes perpétuelles : son comportement extrême lui a valu en 2009 une exclusion pure et simple de la structure d'entraînement fédérale. Le jeune Paire a alors songé à ranger les cadres pour de bon. "J'ai arrêté le tennis pendant deux mois, se souvient-il sans qu'affleure une quelconque émotion. Je m'étais dit que le tennis, c'était mort pour moi. A lors ce qui m'arrive aujourd'hui, c'est simplement du bonus."
"Je ne l'avais jamais vu jouer"
Un homme l'a aidé à s'extraire de la mélasse qui lui collait aux semelles. Lionel Zimbler, ancien coach de Fabrice Santoro, qui a accepté de prendre en main le paria quand tous rechignaient, est toujours l'entraîneur de Benoît. "Je lui dois beaucoup", souffle ce dernier, la voix emplie de gratitude. Peu après 18h, hier, Lionel et Benoît prennent possession du court n°15 pour une séance de frappes (de balles). Le temps de l'échauffement, Lionel raconte leur histoire : "Quand il est venu me chercher, je ne l'avais jamais vu jouer, raconte-t-il, malicieux. Mais à partir du moment où j'ai su que c'était un cas très difficile, ça m'a plu." Vint ensuite le temps de l'apprivoisement mutuel. "Humainement, on a accroché. Mais il a fallu mettre un cadre dans notre relation. C'était du donnant donnant. Je lui promettais moins d'autorité, il m'assurait un comportement plus professionnel", résume simplement Zimbler.
La greffe opère et le garçon s'envole. Doté d'un bras droit fulgurant, d'un revers bestial et d'un toucher soyeux (l'excès d'amorties a longtemps été sa gourmandise favorite), il donne tort à tous ceux qui n'avaient pas cru en lui. Cette année, Paire a même été finaliste à Belgrade, sur terre battue. Une première dans un tournoi ATP. "Je me suis assagi, avoue sans mal le jeune homme si longiligne (1m94). Il le fallait si je voulais progresser." Zimbler acquiesce : "On a compris ce qui n'allait pas. En fait, il avait une réflexion différente des autres, diagnostique-t-il, une raquette entre ses bras croisés. Il n'y avait que le beau tennis qui lui plaisait. Il n'acceptait pas de faire une faute."
L'exemple de Federer
Aujourd'hui, Benoît fait toujours des fautes mais s'en accommode. Dans son quotidien de joueur de tennis, plus rien (ou presque) n'est anodin. Son premier adversaire à Roland Garros, Albert Ramos, est gaucher, lifteur et terrien patenté ? Benoît tapait la balle hier soir avec Stéphane Piro ("un bon ami"), réplique exacte du Ramos en question. Alors que la raquette siffle et que Benoît claque les balles de ses gestes lestes, Zimbler glisse : "Je lui ai beaucoup parlé de Federer, qui cassait énormément de raquettes au début de sa carrière avant de changer du tout au tout."
Le même Federer avec lequel Benoît a prévu de s'entraîner dès 14h sur le court n°18. Histoire de retrouver des sensations quelque peu évaporées. "J'ai un peu de mal à l'entraînement en ce moment, reconnaît-il. Les conditions sont rapides, ce n'est pas facile. Mais j'ai le temps de m'habituer, je ne suis pas pressé." Pourtant, l'ex-enfant terrible a cavalé plus vite que les prédictions de son homme providentiel. "Il a un an d'avance sur ce que j'avais prévu pour lui", concède Zimbler, un peu impressionné. Pas question pour autant de s'arrêter là. L'oeil brillant, Paire lorgne vers un grand moment encore hypothétique : "J'aimerais bien m'offrir un deuxième tour contre Ferrer (David, n°6 mondial, NDLR) sur le Chatrier ou le Lenglen. Ce serait beau."
Avant de partir, on lui donne rendez-vous pour le lendemain. Il nous apostrophe : "Envoyez plutôt un texto à Lionel, lui au moins il est sûr de répondre. Alors que moi..." Conclusion de Zimbler : "C'est toujours un volcan en ébullition."
Ainsi est Benoît Paire. Imprévisible, soudain et attachant. Si souriant et aimable quand il déambule dans les allées de Roland, t-shirt rose sur les épaules, barbe de trois jours, toujours prêt à s'arrêter le temps d'une photo, il a longtemps été un cabochard de première sur un court de tennis. Jets de raquettes incessants, plaintes perpétuelles : son comportement extrême lui a valu en 2009 une exclusion pure et simple de la structure d'entraînement fédérale. Le jeune Paire a alors songé à ranger les cadres pour de bon. "J'ai arrêté le tennis pendant deux mois, se souvient-il sans qu'affleure une quelconque émotion. Je m'étais dit que le tennis, c'était mort pour moi. A lors ce qui m'arrive aujourd'hui, c'est simplement du bonus."
"Je ne l'avais jamais vu jouer"
Un homme l'a aidé à s'extraire de la mélasse qui lui collait aux semelles. Lionel Zimbler, ancien coach de Fabrice Santoro, qui a accepté de prendre en main le paria quand tous rechignaient, est toujours l'entraîneur de Benoît. "Je lui dois beaucoup", souffle ce dernier, la voix emplie de gratitude. Peu après 18h, hier, Lionel et Benoît prennent possession du court n°15 pour une séance de frappes (de balles). Le temps de l'échauffement, Lionel raconte leur histoire : "Quand il est venu me chercher, je ne l'avais jamais vu jouer, raconte-t-il, malicieux. Mais à partir du moment où j'ai su que c'était un cas très difficile, ça m'a plu." Vint ensuite le temps de l'apprivoisement mutuel. "Humainement, on a accroché. Mais il a fallu mettre un cadre dans notre relation. C'était du donnant donnant. Je lui promettais moins d'autorité, il m'assurait un comportement plus professionnel", résume simplement Zimbler.
La greffe opère et le garçon s'envole. Doté d'un bras droit fulgurant, d'un revers bestial et d'un toucher soyeux (l'excès d'amorties a longtemps été sa gourmandise favorite), il donne tort à tous ceux qui n'avaient pas cru en lui. Cette année, Paire a même été finaliste à Belgrade, sur terre battue. Une première dans un tournoi ATP. "Je me suis assagi, avoue sans mal le jeune homme si longiligne (1m94). Il le fallait si je voulais progresser." Zimbler acquiesce : "On a compris ce qui n'allait pas. En fait, il avait une réflexion différente des autres, diagnostique-t-il, une raquette entre ses bras croisés. Il n'y avait que le beau tennis qui lui plaisait. Il n'acceptait pas de faire une faute."
L'exemple de Federer
Aujourd'hui, Benoît fait toujours des fautes mais s'en accommode. Dans son quotidien de joueur de tennis, plus rien (ou presque) n'est anodin. Son premier adversaire à Roland Garros, Albert Ramos, est gaucher, lifteur et terrien patenté ? Benoît tapait la balle hier soir avec Stéphane Piro ("un bon ami"), réplique exacte du Ramos en question. Alors que la raquette siffle et que Benoît claque les balles de ses gestes lestes, Zimbler glisse : "Je lui ai beaucoup parlé de Federer, qui cassait énormément de raquettes au début de sa carrière avant de changer du tout au tout."
Le même Federer avec lequel Benoît a prévu de s'entraîner dès 14h sur le court n°18. Histoire de retrouver des sensations quelque peu évaporées. "J'ai un peu de mal à l'entraînement en ce moment, reconnaît-il. Les conditions sont rapides, ce n'est pas facile. Mais j'ai le temps de m'habituer, je ne suis pas pressé." Pourtant, l'ex-enfant terrible a cavalé plus vite que les prédictions de son homme providentiel. "Il a un an d'avance sur ce que j'avais prévu pour lui", concède Zimbler, un peu impressionné. Pas question pour autant de s'arrêter là. L'oeil brillant, Paire lorgne vers un grand moment encore hypothétique : "J'aimerais bien m'offrir un deuxième tour contre Ferrer (David, n°6 mondial, NDLR) sur le Chatrier ou le Lenglen. Ce serait beau."
Avant de partir, on lui donne rendez-vous pour le lendemain. Il nous apostrophe : "Envoyez plutôt un texto à Lionel, lui au moins il est sûr de répondre. Alors que moi..." Conclusion de Zimbler : "C'est toujours un volcan en ébullition."
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